Quand le Vent souffle sur les Plaines.... [ Terminé ]

Je fronçais le museau à cause du vent. Mais il m'énervait celui là, à souffler de partout. Moi qui étais venue chasser, je ne sentais absolument rien. Ou plutôt, le vent étais si fort que je n'avais aucuns repères. J'ébouriffais mon pelage gris foncé, qui, heureusement, me protégeait du froid et des courants d'air.

Il fallait absolument que je réussisse à ramener du gibier au clan, on en avait que trop besoin. Mais je n'aurais pas du aller sur les plaines aux milles vents. Tant pis. Trottinant un peu au hasard, je finis par trouver un endroit moins venté. Enfin je sentais quelque chose. En quelques pas, je trouvais une piste, et attrapa une souris. Calmée de mon mécontentement passager, j'inspirais à fond pour me repérer. Une odeur de chat, plutôt forte.

Je compris tout de suite où j'étais. La frontière du clan de la Rivière n'était pas loin. Je ne pensais pas m'en approcher, mais j'entendis des voix. Curieuse, je m'avançais. En flairant, j'identifiai deux chattes, une jeune et une moins jeune. Une apprentie et son mentor sans doute.

Le vent tourna d'un coup, et je grognais. Je n'aimais pas cette plaine. Mais alors pas du tout. Me doutant qu'elles m'auraient senti, je sortis des buissons, mais à moitié. J'hésitais à me montrer, car j'avais peur qu'elles me prennent pour un danger potentiel,même si mon clan faisait profil bas en ce moment.

Une lumière grise et froide me tira de mon sommeil. Je m'étirai longuement, avant de sortir de la pouponière. Encore une fois, en observant la tanière de roseaux, je sentis la honte m'envahir. Normalement, en ce moment précis j'aurai du être en train de commencer mon entraînement d'apprenti avec mon mentor, comme ma soeur, baptisée il y a trois jours de cela.

Mais voilà, il avait encore fallut que je fasse l'idiote en jouant avec Nuage de Groseille, et , manque de chance, que je me foule la patte.

Le Clan avait donc décidé d'attendre monentier rétablissement avant de me nommer apprentie, même si je pouvais marcher sans difficultés.

Heureusement, Etoile d'Espérance avait autorisée les autres membres du Clan de m'appeler par mon nom d'apprentie; Nuage de Rosée, sans quoi je ne pense pas que moi, qui suis si fière, aurait pu supporter cette honte.

Je fis quelques pas dans la clairière du clan et commençai à faire ma toilette lorsque Coeur de Lune, la gentille guerrière qui s'occupait si bien de moi et qui était une des seule à ne plus me traiter comme un chaton.

Elle me fit un sourire énigmatique comme elle savait si bien les faire avant d'annoncer triomphalement:

- Etoile d'Espérance m'a autorisé à t'emmener faire le tour du territoire ! Je voyais bien que tu t'ennuyais, toute seule, alors j'ai demandé ! C'est un sortie d'initiation, si tu préfères .

Folle de joie, j'essayais de me comporter avec retenue, comme tout bon apprenti qui se respecte. Je ronronai de bonheur et frolai la truffe de Coeur de Lune en guise de remerciement. Je n'avait jamais visité le territoire du Clan !

-Quand est-ce qu'on part ? demandai-je.

J'inspirais à fond, mais ne parvenais pas à reconnaitre l'une des deux odeurs qui me venaient au museau. Pourtant, j'étais sûre de la connaitre. J'étais toujours à me casser la tête quand une troisième odeur vient s'ajouter au lot. Une que je reconnus immédiatement. Un chien. Cette fois, je ne me cassai pas la tête, et sortit de mon buisson, prête à courir.

" Nuage de Rosée ... Nuage de Rosée, COURS !!!!! "

Ce fut à la voix que je reconnu l'autre chatte. Cœur de Lune, la lieutenante du clan de la rivière, que je voyais depuis longtemps aux Assemblées, et encore plus depuis que nous étions toutes deux lieutenantes. J'appréciais et respecter cette guerrière loyale et sensible. Qui manifestement était également mentor.
Je repérai l'apprentie, une petite chatte toute jeune, grise rayée, qui courait du mieux qu'elle pouvait. Je m'aperçus également qu'elle paraissait avoir un léger problème à la patte. Très léger, mais qui risquais de devenir embarassant pour courir longtemps aussi vite. Je ne l'avais jamais vu, et je devinai qu'elle venait d'être baptisée. Nuage de rosée, donc.

"Lune du Temps ??? "

De toute évidence, elle ne s'attendait pas à me trouver là, ce qui était tout à fait normal, mais n'en était pas déçue. Il faut dire que seule contre un chien, si elle devait défendre son apprentie, elle n'avait pas beaucoup de chances.
Je me préparai à courir avec elles quand je vis le chien. Un gros molosse brun et noir, qui avait visiblement envie de manger du chat. Je me retournai, et m'élançais à travers les Plaines aux Milles Vent. En jetant un regard en arrière, je m'aperçus que le chien nous rattrapait. D'autant plus que Nuage de Rosée se fatiguait, même si sa patte tenait mieux que je ne l'aurai penser. Je lançais aux deux membres du clan de la rivière:

-On ne va pas pouvoir courir longtemps comme ça, et on ne peut pas se cacher dans ces Plaines!! On combat ou on tente de le ruser pour fuir?

Je me préparai aux deux solutions.

Cela faisait à peine quelques instants que nous courions, mais je souffrait déjà le martyre. D'abord parce que je n'étais pas habituée à cavaller si vite et si longtemps, mais aussi car ma patte blessée commencait à se faire ressentir.

Tout à coup, j'apperçut une chatte gris foncé ouvrant de grands yeux surpris. Mais cette dérnière se reprit vite et échangea quelques mots que je ne put entendre avec Coeur de Lune, avant de nous rejoindre et de se mettre à courrir à nos côtés. Au premier regard sur ma patte, elle compris et dit avec anticipation:

"On ne va pas pouvoir courir longtemps comme ça, et on ne peut pas se cacher dans ces Plaines!! On combat ou on tente de le ruser pour fuir ?"

Quelque soit la décision de mon mentor, je priait le Clan des Etoiles pour qu'elle choisisse vite, car mon souffle se faisait court.

Le chien était quasiment sur nous, la décision devenait urgente. Nous entendions toutes le souffle du molosse juste derrière nous. Cœur de Lune me répondit, tout en ordonnant à son apprentie de rester au dehors. Et elle avait tout à fait raison, un apprenti risquais la mort en se lançant contre ce monstre. D'ailleurs, Nuage de Rosée avait le souffle court, était visiblement terrorisée, et assez peu en l'état de combattre. C'était sûrement sa première vraie sortie, la pauvre petite chatte n'avait pas eu de chance.

"Nuage de Rosée, reste derrière. Attaque que
si je te l'ordonne, mais ménage ta patte !!! Lune du Temps, on va
affronter ce truc baveux en évitant d'attirer l'attention sur la petite
!!! "

Cœur de Lune esquiva, puis attaqua. De mon côté, un peu moins visée par le chien, je tentais de lui infliger des blessures, mais celui ci n'avait pas l'air de s'en inquiéter. Je grimaçai en esquivant une attaque, et le mordit de toute la force de mes crocs. J'avais l'impression qu'il était en pierre, tellement il avait la peau dure et épaisse. Je me prit un coup de patte, qui heureusement ne fit que me sonner un petit peu. Reprenant mes esprit, je faillit hurler en voyant le chien, fou de rage, et malgré tout parsemé de tâches de sang, se jeter sur Nuage de Rosée, qui hurla, mais, mue par un réflexe de survie, bondit vers les cieux, réussissant à esquiver. Je notais qu'il ne fallait pas sous estimer cette apprentie: non seulement son bond était superbe, mais son réflexe était exactement le même que celui d'un guerrier dans la même situation.

"C'est bien, Nuage de Rosée !!! Maintenant, glisse sous son ventre en le griffant !!! Et mord lui la queue pour finir !!! "

Même si Nuage de Rosée était terrifiée, elle se lança à l'attaque, et ce fut tout de suite beaucoup plus facile pour nous. Je me demandai un instant ce qui serait arriver si je n'était pas venue chasser sur les Plaines aux Milles Vents aujourd'hui. Je ne voulais même pas l'imaginer. Le chien avait du mal à se défendre contre trois félins qui défendaient chèrement leurs vies. Je put bondir, et lui mettre un grand coup de dents à l'échine. Je lui lacérait un instant le dos, avant de bondir à terre pour éviter un coup de patte. Je sentis malgré cela une belle entaille s'ouvrir sur mon ventre. Je fronçais le museau sous la douleur, mais repartit à l'attaque. Le chien commençait à perdre en vigueur dans ses coups, et reculait. Je lançais à mes deux compagnes de combat:

-On y est presque!! Ne faiblissez pas, on peut y arriver. Nuage de Rosée, attention!!

Le chien visait celle qu'il avait repérée comme étant la plus faible, car la petite chatte commencait elle aussi à fatiguer. Je devinais intuitivement que il allait bientôt rompre le combat, mais c'était ce moment là, juste avant la fin, où tous les combattants sont fatigués, qui est le plus dangereux, car l'erreur vient vite.

Je me sentis immédiatement soulagée quand le chien déguerpit, griffé de partout et la queue entre les pattes. En voila un qui y réfléchira à deux fois avant d'attaquer des chats, pensais-je,cela lui a fait une bonne leçon. Cœur de Lune semblait aussi soulagée que moi:

- Fuouh, on a eu chaud !!! Lune des temps, heureusement pour nous que tu étais là !!! Sinon, il ne resterait de nous que de la pâtée !!!

Elle était pas mal amochée, quand même. Pas mal d'entailles, et je ne voyais que les blessures externes. J'étais un peu moins amochée, une assez belle entaille au flanc, mais sinon des égratignures de moindre importance. Mais la guerrière du clan de la rivière avait quand même nettement plus combattu, surtout vu qu'elle devait défendre son apprentie. Non pas que je n'avais rien fait, quand même, ni que j'aurais laissé Nuage de Rosée se faire blesser, mais bon. Je notais intérieurement que j'étais heureuse qu'elles n'aient rien de trop grave. Face au danger, les limites claniques s'estompaient.

Les herbes mi-hautes de la plaine prenait des reflets d'or sous les derniers rayons du couchant. La lune commençait à briller, et les guerriers du clan des étoiles reprenaient possession des cieux. Le vent s'était légèrement apaisé. Mince alors, je ne pensait pas qu'il était si tard. J'allait me faire gronder en rentrant au camp, j'aurais du y être bien plus tôt. Cœur de Lune nous dit:

- L'on devrait commencer soit à rentrer chacun
dans son Clan, soit à faire un camp provisoire dans le creux verdoyant,
là-bas. Personnellement, je choisirait la deuxième solution, car ce
chien pourrait revenir. Vous en pensez quoi ? Il faudrait trouver de la
bruyère pour les nids, du gibier pour les ventres, et un buisson épineux
pour s'abriter.

Elle avait raison. Même si je pensais qu'il y avait peu de chances pour que le chien revienne, nous étions toutes épuisées, et risquions gros à rentrer. surtout que nous nous étions bien enfoncées dans les plaines aux milles vent. Même si le code du guerrier interdisait ce genre de pratique, l'heure n'était pas aux considérations. Même si nous pouvions nous combattre lors de la prochaine bataille, ce soir là, nous étions des camarades. Je répondit, sas aucuns scrupules:

-Tu as raison, Cœur de Lune. Nous devons reprendre des forces et dormir à l'abri. Il n'y a pas beaucoup de buisson sur cette plaine, mais nous n'auront pas à marcher beaucoup. Il me semble en avoir dépasser un en courant. Pour le gibier, il n'y a plus beaucoup de vent, je crois que l'on peut pister des proies. Je ne crois pas qu'il y ait des cours d'eau proches, si tu veux je peut me charger du gibier, je suis plus habituée aux traques, même si ici, c'est un membre du clan du vent qu'il nous faudrait. Et la bruyère, il n'y a qu'à à se servir. Comment on s'organise?

Les décisions étaient à prendre vite. La nuit descendait vite, et même si la vision nocturne des chats était très bonne, ce n'était pas l'idéal pour nous.

La souffrance.

C'était le seul sentiment que j'éprouvais. Ma patte me lançait, et les ondes de douleurs se propageaient dans tout mon corps. il était dans un sal état, mon membre meurtri; ma coupure s'était rouverte et le sang coulait toujours à flot. J'entendit la phrase de Coeur de Lune sans vraiment l'entendre. J'en saisit tout juste le sens : nous avions gagné, et je ne voyait plus le molosse. La joie aurait du m'envahir mais la douleur m'etraignait, me faisait suffoquer, m'enserrait dans son étau cruel.

Les deux guerrières échangèrent quelques mots. Elles devaient être en train de prendre une décision. Elle se tournèrent vers moi et je compris qu'elles me demandaient mon avis. J'acquiescais, je disait que leur idée me convenait, sans même chercher à la connaître. J'étais trop fatiguée, j'avais trop mal.

Les deux chattes m'entraînèrent donc vers une sorte de petite combe entourée de buissons. J'avais l'impression d'être déconnéctée de la réalité, comme dans un rêve- ou plutôt, un cauchemard - et je m'installais tant bien que mal sous un grand saule pleureur. Coeur de Lune s'approcha avec quatre jeunes faisans qu'elle déposa sur un rocher plat. Je rampai vers la pierre et me saisissai d'un oiseau. J'en mangeai deux bouchées avant de me lever pour aller préparer ma litière, hagarde. A peine avait-je fais trois pas que ma patte se mit à trembler. Un torrent de sang s'en écoula. Un cri guttural sortit de ma gorge.

Puis tout fut noir.

Cœur de Lune avait été nettement plus observatrice que moi. Secouant la tête contre ma vitesse de réaction, je la suivi en trottinant vers les buissons qu'elle venait de trouver.

Un très joli endroit, avec plein de qualités. Entre ce magnifique ajonc, qui présentais l'énorme avantage de nous protéger du vent, même si il nous empêcher de voir au dehors. Mais bon, avec cette odeur de plantes, bien plus forte que dans le reste de la plaine, notre odeur était plus discrète.

Je vis Cœur de Lune partir, et me retourner pour regarder Nuage de Rosée, qui semblait dans un piteux état. J'allais l'aider quand la Cœur de Lune revint avec des oiseaux. Elle fit remarquer que nous n'avions pas d'eau. Voulant être utile, je m'élançais, et découvrit un petit ruisseau. Très proche. Nous pourrions laver nos plaies, et boire, ce qui nous permettrais d'être en bon état le lendemain.

Je revint, en leur indiquant ma découverte. Cœur de Lune proposa de faire les litières, et j’interrogeai du regard Nuage de Rosée, entonnement muette. Qui gémit. Et s'effondra. Réagissant bien plus vite que d'habitude, je bondis, en hurlant:

-Nuage de Rosée!!!

J'arrivai vite près de la jeune apprentie, et commençais à lécher ses plaies. Le cerveau à la fois paralysé, et fonctionnant à plein régime, je balbutier un charabia incompréhensible, d'autant plus que je léchais Nuage de Rosée en même temps:

-Des toiles...saignement...eau...

Me reprenant, je pris le temps de respirer, et remarqua que Nuage de Rosée était totalement inconsciente. Je lançais à Cœur de Lune:

-Il faut arrêter le flot de sang!!! Les guérisseurs utilisent des toiles d'araignées!! Est-ce que tu connais des herbes?

J'étais affolée, mais réussissais peu à peu à me calmer, et put lançai un regard calme à Cœur de Lune.